Néférourê

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Résumé
Race Terrien
Sexe Féminin
Statut Inconnu
Activité Inactif
Joué par Lúka
Infos Professionnelles
Alignement Bon

Histoire

Blanche clarté... la lumière se diffuse, dans le ciel autour... Cet espoir, au coeur de la nuit, s'avère représenté par cet astre meurtri, trônant fièrement et inlassablement... La lune éclaire l'eau de cet oasis, comme la peau de cette élégante jeune femme, seule, au milieu de l'obscurité... Elle porte une robe des plus atypiques, était-elle seulement de la région ? La blancheur de son revêtement ne le conteste en aucun cas... tout comme son serre-tête, d'or et de lapis... celui-ci déposant, sur sa longue chevelure de cristal, un léger et court voile... Debout, un étrange sceptre à la main, elle fixe l'horizon, d'un air mélancolique, à travers ses beaux yeux jaunes... Ses longues mitaines ne cachent en rien la délicatesse apparente de ses doigts, alors que dans cet étang se reflètent, les motifs en fleurs de sa tenue aérée... Ce ruban, accroché à son bassin, de la même couleur bleutée que ceux l'enlaçant, voit en sa source la présence d'un noeud papillon. Un espoir fugace, porté par la même brise, laissant la triste végétation s'exprimer en chanson...


 

" Tu représentes la marée... destinée à chercher la vie, hors de portée... Mais l'océan est changeant, comme coule le temps... Saisis donc ton destin... "

Poussière retourne poussière... Le sable fin s'envole au loin, sous l'action de la colère des dieux... Rê semble au beau fixe, frappant, de sa torride chaleur, les malheureux déserteurs, de ce pays fantastique, qu'est l'Égypte... La tempête laisse place à la constatation de ces dunes enchanteresses. Et ce qui paraissait malédiction, devient bénédiction... Loués soient nos maîtres adorés ! Loué soit le nouveau Pharaon, Thoutmôsis II ! Longue vie au roi de ces contrées !... L'avènement d'un nouveau dirigeant, représentait toujours un moment de grandes festivités. À compter d'aujourd'hui, la ville d'Ouaset baignerait dans la lumière sacrée, de jour, comme de nuit, pendant une semaine entière, soit 10 jours... Tous les sujets mangeraient à leur faim, car la venue de notre dirigeant symbolisait la grâce divine, comme la promesse de jours meilleurs, de récoltes abondantes et de richesses en tout genre, venues d'autres contrées... Comme pour ponctuer ces faits avérés, la pluie s'invitait au spectacle. Sobek aussi, nous gratifiait de son contentement !

" C'est un miracle ! Thoutmôsis II a été choisi par les dieux eux-mêmes ! Gloire à lui, gloire à notre souverain ! " s'exclamait alors un citoyen, particulièrement euphorique.

Rejoint rapidement par ses camarades, le peuple entier s'extasiait désormais, devant l'émergence de cet évènement si inespéré... Le Pharaon, de son côté, laissa son visage s'obscurcir, d'un sourire supérieur... Il était enfin le roi de cette misérable populace... Il en rêvait depuis si longtemps. Depuis ce jour où son défunt père lui en fit la promesse... Pourtant, la logique de la succession n'y correspondait pas. En effet... Les rites des textes saints, exigeaient que seul un porteur de sang royal, méritait de siéger sur le trône... Or, son altesse Séthi, ne le possédait pas. Oui... Le sang royal était porté par la mère, non le père... Celle qui aurait dû régner à sa place, n'était autre que la Grande Épouse Royale, sa demi-soeur, Hatchepsout... Cette dernière restait silencieuse, sagement assise aux côtés de son mari, qu'elle avait été forcée d'épouser, pour ne pas que son peuple ne remette en cause le règne de son demi-frère... Sous l'influence du clergé, l'Égypte se pliait à la volonté sacrée des Hauts Prêtres, véritables voix des dieux... Ainsi la figure d'Amon-Rê prenait de l'ampleur, au sein du culte de ce pays fascinant... Et avec cette dernière, la sainte vérité selon laquelle les femmes n'étaient pas aptes à diriger un royaume. À chacun sa place, l'équité était respectée... Par Horus, qu'il en soit ainsi...

Hatchepsout n'appréciait évidemment pas la situation... elle qui s'était montrée supérieure à Séthi, en bien des occasions et à travers les âges... le battant un nombre incalculablement de fois à l'épée, comme à l'arc... s'intéressant réellement aux besoins du peuple, à la politique interne... Mais son demi-frère, lui, ne s'intéressait qu'à la guerre, à la conquête de nouveaux territoires. Sa logique, selon laquelle la prospérité de son pays, passerait inexorablement par le massacre de ceux voisins, dégoûtait véritablement la reine, qui ne voyait en lui qu'un être malfaisant et barbare, attiré par le pouvoir et la luxure... Mais Chepsout n'avait pas le choix, elle devait se courber et se laisser faire, car, je vous le rappelle, la volonté des Hauts Prêtres était indiscutable. Ils contrôlaient ce pays, en éduquant et en élisant un Pharaon impulsif, qu'ils manipulaient ensuite à leur guise, lui suggérant des opinions politiques dont il ne comprenait bien évidement rien... préférant plutôt concentrer ses pensées sur son harem, dont il jouissait d'avance l'idée de retrouver, après son épuisante journée... Craignant de finir par se faire remplacer, de perdre son mince contrôle sur les affaires internes, par la venue d'une seconde épouse royale, la pauvre reine se vit dans l'obligation de prendre les devants et de se laisser engrosser, par cet être aussi repoussant que dominateur...

C'est ainsi que naquit la petite princesse, à la peau aussi écarlate que le soleil lui-même... Surprenant tout le monde, au point de devenir le centre d'intérêt principal de la population, Néférourê devint le symbole du renouveau, alors que déjà notre Pharaon bien aimé voyait ses jours en danger... Pas seulement de par la popularité de sa fille, mais surtout à cause de sa mystérieuse maladie, survenue lors de son voyage, pour une autre bataille sanguinaire... Il développait des plaques, sur la peau, et devenait de plus en plus faible, au point de devoir rester au lit. Son épouse passant le voir chaque jour, afin de prendre de ses nouvelles et de lui donner à boire... ce, malgré son infectiosité apparente... Même si la situation inquiétait fortement le peuple, celui-ci se voyait néanmoins touché, par la fidélité de la reine, qui paraissait mettre jusqu'à ses jours en danger, pour rester auprès de son aimé... Du moins, les apparences semblaient pointer vers cette explication, car la réalité, elle, demeurait tout autre... Thoutmôsis ne le comprit que trop tard, alors que Chepsout lui servait une autre coupe de vin, tout en lui parlant de sa fille... Le poison, le venin... L'arme des faibles et des traitres... Elle s'était abaissée à ce niveau, pour faire tomber celui qui menaçait les beaux jours de sa patrie... Au fil des années, Chepsout avait perdu son insouciance et sa joie d'antan, devenant de plus en plus froide et calculatrice, pour parvenir à ses fins... Ce plan, elle l'avait préparé des mois en avance, elle l'avait minutieusement confectionné, afin qu'il demeure à jamais le meurtre parfait, dont personne n'aurait vent... Le regard haineux du roi afficha rapidement la surprise, lorsque son épouse, le prenant de court, lui remplit le gosier de venin, d'un dernier baiser... fixant, par la suite, cette figure pathétique et rampante, d'un air insupportablement supérieur... Pris au piège, les prêtres devaient désormais choisir entre elle et sa fille, pour la succession... Le culte d'Amon-Rê s'éteignit alors, dans le silence de la nuit noire... 

" Accepte l'ombre sommeillant en toi... Un regard sur le trône abandonné... Un héritage de mensonges, un costume familier... "

D'où venait cette voix cristalline ?... Elle transcendait la pièce de ce jeune nourrisson, alors seul face à son destin... Une élégante dame, à la chevelure subtilement azurée, marchait calmement jusqu'au berceau royal, un léger sourire parcourant ses délicates lèvres... Par les dieux, que venait-elle faire ici ?! La garde roupillait-elle donc ?... Quoi qu'il en soit, cette grande femme s'approcha de la petite princesse, posant tendrement la paume de sa main sur le front de cette dernière, dormant silencieusement... tandis qu'un mystérieux pendentif, à la pierre précieuse semblable à une goutte d'eau, rayonna subitement d'un éclat captivant... Cette scène, l'intruse la poursuivit, en caressant maintenant l'arrière de ce crâne frêle, déposant finalement un doux baiser, sur le front de cette nouvelle existence... Son rôle était accompli, il fallait maintenant partir... Le pendentif ayant perdu de son éclat distinctif, pendant la durée du contact, prouvait que l'interaction s'était correctement déroulée... Le jour pouvait de nouveau fleurir, sur ces contrées désertiques, mais ô combien poétiques... Un nouveau règne se voyait désormais célébré, au sein d'une confusion des plus totales... Celui d'Hatchepsout, le deuxième Pharaon féminin, dans l'histoire de l'Égypte Antique et jusqu'ici... Si cette nouvelle prenait l'allure de controverse, le choix n'appartenait cependant à personne. La reine demeurait la seule à pouvoir assumer la fonction de sa nouvelle position, en l'absence d'un mari qu'elle ne chercherait de toute façon même pas... Il était désormais temps de remettre l'Égypte sur le droit chemin, avant que de nouveaux malheurs n'éclatent...

Le travail d'une véritable dirigeante s'avère interminable, demandant de nombreuses heures de réflexion, afin de pouvoir contenter les pays voisins, d'une multitude de traités... ceux-ci concernant la paix entre les nations, mais aussi l'échange de marchandises, afin de les aider à prospérer... Absolument. Les terres et les ressources n'étaient pas toujours similaires entre elles. C'est pourquoi Hatchepsout avait imaginé un système d'entraide, afin de favoriser les relations amicales et de protéger son peuple... Une stratégie payante, jusqu'ici, mais d'une épuisante complexité qui, malheureusement, ne laissait pas le temps à la reine de s'occuper de sa propre fille, qu'elle observait malgré tout grandir, avec une certaine fierté... Néférourê, encore enfant, suscitait toujours autant, si ce n'était plus encore, la dévotion de la populace... Elle devait avoir une dizaine d'années, alors qu'elle sortait bien souvent en ville, accompagnée de son père nourricier, Sénènmout... Un large sourire représentant fidèlement notre cadeau des cieux, il aurait été mensonger d'oser affirmer qu'elle ne communiquait pas le bonheur, partout sur son passage... La Fille de Rê, portant encore la mèche de l'enfance et ce jusqu'à la puberté, recevait toutes sortes d'offrandes, lors de ses visites, alors que son seul but paraissait de rencontrer de nouvelles personnes et de prendre soin des contacts qu'elle se faisait, les invitant parfois même directement au palais... Rapidement, sa beauté, son caractère, mais aussi ses actions, lui valurent le titre de Soleil d'Égypte, tant sa clarté et sa pureté paraissaient conséquentes. Son tuteur l'observait, ainsi, aider et soutenir ses semblables, au moindre problème émergeant... Lui aussi, se montrait charmé, par la symbolique de ses actes...

Alors, un jour, survint enfin une appellation, qui resterait collée à la peau dorée de sa jeune altesse, pour l'éternité... Celle d'Élue de Bastet... À l'âge de ses 12 ans, nombre de citoyens firent remarquer l'attirance de la demoiselle pour les chats, tout comme la manie de ceux-ci de la suivre, bien souvent jusqu'aux portes du palais, qu'elle s'arrangeait de passer, avec au moins l'un d'eux... Petite fripouille, elle ne manquait d'imagination, pour berner les gardes, jour après jour... Il ne fallut longtemps, pour que ceux-ci n'essayent même plus de l'en empêcher, réalisant l'incroyable vérité... Oui, mes amis ! Ce n'était plus notre bénédiction adorée, qui appâtait ces bestioles sacrées, mais bien elles, qui usaient de tous les stratagèmes possibles, pour venir à sa rencontre ! Là une preuve de l'adoration de notre déesse à tous, je vous l'affirme ! Bastet avait reconnu Néférourê comme sa protégée, son élue ! Gloire à elle ! Gloire à notre future souveraine !... Elle qui ne pouvait plus s'échapper de ses appartements, sans avoir une dizaine de chats autour de sa royale personne, allait désormais faire une découverte sans précédent... Oui ! Comme un signe avant-coureur du destin, ces journées symboliques marquèrent la préparation à la rencontre de la déesse Bastet, elle-même ! Croyez-en les saintes écritures, car cet évènement fut dignement relaté et donna naissance au culte de Bastet, ainsi qu'à sa fête, célébrant le jour béni de son apparition !

C'est donc en parcourant les couloirs du palais, que Néférourê, encore princesse d'Égypte, aperçut la divine figure... Ne voulant impoliment s'imposer à la scène, notre digne beauté se cacha naïvement derrière un mur, tandis que ses compagnons félins trahirent sa somptueuse présence... C'est alors que Bastet tourna instinctivement sa nuque sacrée, en sa direction... Sa peau était mauve, ses yeux demeuraient particulièrement plissés... elle avait le regard perçant et ne semblait pas encline à la rigolade... Ses bras, derrière son dos, ne dévoilaient pas ses brassards en or... néanmoins, restait-il possible de distinguer ses chaussons, couleur cacao, comme le sarouel, bleu de ciel, recouvrant ses divines jambes... La déesse semblait accompagnée d'un étrange personnage, disposant d'une auréole autour du cou... Était-ce Osiris, Isis ? Non ! Cela devait certainement être Amon-Rê ! Oui, sa peau bleu et ses apparats l'indiquaient clairement. Tout était lié ! Amon-Rê venait en personne, présenter le nouveau dieu à vénérer, pour les prochains siècles à venir ! Ô puissante déité, accorde-nous ta bonté suprême et nous nous efforcerons de t'offrir toutes les merveilles de nos contrées... Tous les serviteurs et même la reine, s'agenouillèrent, face à cette visite inespérée, au sein de la salle du trône... tandis que la petite princesse guetta un certain temps l'entité, probablement impressionnée par sa grande prestance, avant de lui vouer son plus charmant sourire... Elle était si contente de voir Bastet de ses propres yeux, qu'elle aurait été capable de lui sauter au cou, pour la saluer. Mais il ne fallait pas attiser la colère des dieux. La meilleure des choses à faire, en l'instant, restait de s'agenouiller, comme les autres, pour lui communiquer un respect infaillible... ce que fit la docile demoiselle, au milieu des chats, lui léchant désormais la joue...

Cet incroyable évènement, les égyptiens tinrent à le fêter aussi mémorablement que l'arrivée d'un Pharaon au pouvoir, si ce n'est plus encore... laissant couler l'alcool à flots et organisant de véritables banquets, disposant des mets les plus délicieux de la région, afin de contenter les sacrées papilles de ce félin divin... Louée soit Bastet ! Louée soit son élue ! Cédez à toutes ses exigences, car elle représente la sauveuse de nos terres !... Battant leur plein, ces journées furent inoubliables et se firent accompagnées des plus grandes danseuses et chanteuses du pays... notre touchante princesse participant, elle aussi, à cette ambiance si particulière... essayant de suivre le mouvement de cette vague de joie, en dansant et en chantant jusqu'aux aurores, de sa mélodieuse voix... Visiblement satisfaite de l'accueil lui étant réservé, notre déesse bien-aimée, accompagnée de son prédécesseur, finit par nous faire ses adieux, sous une énième marque de respect, en notre provenance... s'en allant rejoindre les cieux, d'un éclair ascendant et lumineux... Le spectacle laissa les égyptiens bouches bées et les conforta, dans leur rapport à la divinité. Qu'ils étaient chanceux, que d'avoir pu contenter une telle figure du panthéon, quand bien même s'était-elle montrée assez taiseuse... Néférourê aillait rentrer au palais, lorsqu'une curieuse mélodie retint son attention... Cette voix, était de loin la plus belle, qu'elle n'ait jamais entendue... Il fallait en découvrir la provenance...

 

 

" Chante avec moi la chanson de droits et d'amour... La lumière se diffuse dans le ciel autour... L'aube déchire les ténèbres... Blanche clarté, perdue dans mes pensées... "

Auprès d'une étendue d'eau, la voilà encore, cette silhouette si délicate, libérant toute sa douceur, à travers un chant aussi antique qu'hypnotisant... Quelques pas de danse se laissaient alors admirer, paraissant reproduire l'élégance d'un cygne... Bouche entrouverte, l'enfant s'approchait discrètement, s'abreuvant de cette scène quasi féerique, tandis que Rê semblait les baigner, des lueurs chatoyantes et chaudes du grand matin... Ainsi se retourna la dame, aux cheveux de cristal, observant la fille aux chats, d'un air plutôt amusé... Félins qui, étrangement, se mirent à quitter les jambes de la princesse, pour venir retrouver celles de la mystérieuse dame... Celle-ci s'accroupit momentanément, afin de les caresser tendrement, ces derniers repartant ensuite chez leur favorite... 

" Veux-tu que je te l'apprenne, ma future souveraine ?... " demanda poliment cette si belle jeune femme, d'un sourire compatissant.

Malgré l'évidente mélancolie, dans le ton de sa voix, ses intentions restaient pures et motivées par la joie de transmettre son art... Comment résister à une telle demande ? Notre reine adorée ne le pouvait. Se réjouissant déjà de pouvoir découvrir de nouveaux pas, d'améliorer sensiblement sa façon d'émettre des sons, elle accepta prestement l'offre, commençant à accompagner sa tutrice momentanée, dans une valse qu'elle n'oublierait jamais... Ces mouvements lui paraissaient si légers, souples... Cette façon de chanter, si irréelle, éloignée de tout autre chant... Un ensemble de vagues, tourbillonnant avec grâce, au sein de cet espace vaste... Magiques que ces instants, liant la modeste danseuse vraisemblable, à cet enfant de la noblesse... Néférourê était si impressionnée qu'un tel talent ne se soit jamais présenté à la cour, tant son art dépassait de loin tout autre modèle observable. Qui était-elle ? La reverrait-elle ?... À peine le temps de se poser ces questions, que la vue de notre élue parut se troubler, la faisant plonger dans un sommeil profond, des instants qui suivirent...

" ... Un, rêve ?... " 

 

 

Petite fille avait fini par devenir femme... Tel un bourgeon qui vint à éclore, la ravissante Main de Dieu atteignait désormais la vingtaine et sa réputation touchait bien des sommets... Modèle de la danse, comme du chant, la Beauté de Rê ensorcelait moult hommes, sans pour autant le vouloir. Il devenait crucial de la protéger, lors de ses sorties, Sénènmout demandant systématiquement une garde rapprochée... Plus la lumière était grande et plus l'ombre se faisait présente... Sacrée plus belle femme d'Égypte, elle commençait à faire des envieuses... Seulement, la légendaire gentillesse, l'apparente empathie de notre Soleil d'Égypte, parvenait bien souvent à détecter les pensées sombres, avant que celles-ci ne se développent incontrôlablement. Tout comme pour cette pauvre femme, que son mari ne regardait même plus, préférant guetter les allées et venues de notre élue... Néférourê vint donc la consulter personnellement, après avoir remarqué la détresse, sur son visage fatigué... Prenant ses mains dans les siennes, d'anciens écrits précisent que notre rafraichissante princesse lui aurait voué un regard compréhensif, empli de compassion, et l'aurait fait entrer au palais, afin de lui prodiguer moult soins et de conseils techniques, dans le but de reconquérir son aimé... Celui-ci, constatant sa propre superficialité, aurait par la suite fondu dans les bras de sa femme, lui quémandant le pardon de sa luxure, le couple remerciant finalement notre cadeau des cieux pour sa patience, comme pour sa bienveillance... Les récits de cette époque reculée, précisent la symbolique de cette action, que la ville aurait unanimement applaudie, la Fille de Rê versant même une larme, pour cette touchante réconciliation... Qu'elle en soit bénie et demeure éternellement dans les mémoires !

Depuis ce jour, les mauvaises pensées, envers elle, disparurent à jamais... Tous, apprirent de la grandeur d'esprit et de coeur, de cette future reine... qui devenait, d'ores et déjà, bien plus appréciée que l'actuelle... Cette dernière le remarquait et réalisait, peu à peu, la problématique dans laquelle elle se trouvait. Pendant que Chepsout s'évertuait à maintenir l'équilibre diplomatique du pays, sa fille gagnait en influence et en popularité, auprès du peuple... Une décision difficile devait se prendre, pour ne pas qu'un malheur ne survienne. La fille du deuxième Pharaon féminin d'Égypte... devait impérativement en devenir le troisième, tant que l'ambiance y paraissait propice... Hatchepsout réalisait ce qui lui manquait, en tant que dirigeante... Bien sûr, son esprit logique et ses décisions avaient maintes fois sauvé le pays de catastrophes, tant économiques que relationnelles... seulement, tout cela, le peuple ne pouvait en avoir pleinement conscience. Toutes ces affaires diplomatiques se géraient en interne et elle n'avait pas le temps de soigner son image, ni de faire des apparitions en public, demandant bien souvent à la chair de sa chair de la remplacer... La solution résidait dans la formation... Néférourê avait atteint l'âge de la majorité, elle pouvait lui succéder. Le plan était le suivant... Tandis que l'Élue de Bastet monterait sur le trône, deviendrait Pharaon et répondrait directement aux besoins de la populace, comme elle savait si bien le faire... sa mère, elle, continuerait de gérer l'Égypte dans l'ombre, tout en faisant assister la nouvelle reine à quelques séances de gestion, pour la préparer à gérer les terres désertiques, après elle... C'était parfait.

" Hourra ! Vive le nouveau Pharaon ! L'élue prend la place qui lui est due ! Elle est si florissante et pleine de vie ! Elle est parfaite ! Que son règne soit éternel ! Guide le soleil dans sa course, Beauté de Rê ! Bastet l'a choisie pour rendre l'Égypte encore plus prospère ! "

En effervescence, ce fut comme si tous les habitants d'Égypte avaient attendu cet instant si symbolique, à travers les années qui suivirent la naissance de ce miracle des dieux... Sa mère, paraissait faire pâle figure, à ses côtés, comme imaginé... Un tendre sourire se dessina toutefois, sur ce visage épuisé par le travail... Elle pleurait, silencieusement, mais de joie... si fière de sa fille, de sa bonté comme de sa prestance... Cette image était celle d'une véritable souveraine, qu'elle s'évertuerait désormais à parfaire... Lui tenant les épaules, avant de l'enlacer fortement, dans un ouragan d'applaudissements, l'ancien Pharaon demanda à ce que l'on apporte le couvre-chef, ainsi que le Flagelum et le sceptre Heka... ces bâtons devant être tenus et croisés, lors du couronnement... Ils représentaient respectivement la royauté Sud et Nord, de ces terres étendues... La dizaine de chats, aux côtés de la nouvelle reine, ne tardèrent pas à se retourner, afin d'observer les fidèles apporter sa coiffe... et quelle coiffe ! Complètement différente des habituelles, Hatchepsout l'avait exigé, envers et contre toutes les suggestions des prêtres, afin de renforcer davantage la nature symbolique de sa fille bien-aimée... Estomaquée par ce cadeau personnalisé, Néférourê en perdit momentanément la parole, regardant ensuite sa mère, la surprise bien perceptible... Il était temps de le porter et de montrer ce mariage à la foule, rassemblée en dessous du balcon royal... Une véritable euphorie prit son essor, lors du couronnement de la nouvelle Maîtresse des Deux Terres, par sa propre mère, qui lui déposa un baiser au front... Peu après, le Flagelum et le sceptre Heka en mains, notre souveraine adulée put s'approcher de la foule... tenant à exprimer ses sentiments à travers un simple discours, mais pourvu d'une vivace émotion.

" ... Je... Je tenais à vous remercier, pour tout le soutien que vous m'avez offert. Nombre d'entre vous, je les connais depuis mon plus jeune âge... Le peuple d'Égypte s'est toujours montré si affectueux avec moi... Je ne faisais qu'être moi-même et pourtant, vous m'avez acceptée, guidée, aimée, comme n'importe quel père ou mère le devrait... J'aime chacun d'entre vous, sans exception. J'aime mon peuple. J'aime l'Égypte ! Et sachez que je jure de faire tout mon possible, pour continuer à propager la joie et la paix, au sein de notre beau royaume ! Je souhaite que notre nation prospère indéfiniment, à travers les âges... que l'histoire retienne la grandeur de nos âmes et que nos efforts puissent se constater, voire inspirer les générations futures ! Travaillons, main dans la main, pour faire de ce grand pays, une terre dont nous pourrons être fiers ! Je crois en un avenir radieux. Façonnons-le dès maintenant et instaurons un équilibre nouveau ! Faisons-le, vous et moi. Faisons-le, tous ensemble ! "

Cette voix, légèrement tremblante, s'exprimait avec le coeur... un coeur débordant d'amour et d'empathie... un coeur, comme il n'en existerait plus jamais... Ainsi soit-il... L'adorée figure des sables serrait ses poings contre sa poitrine, relevant la tête et laissant échapper quelques larmes, à la suite de ses paroles... tandis que la foule, parfois en pleurs, scandait inlassablement son nom, comme pour inscrire fermement ces instants, dans le marbre du tableau de la destinée... Que Bastet accompagne ses pas ! Qu'elle la protège du serpent Apophis et de ses tentations chaotiques ! Loué soit les dieux, pour ce règne ! Et les exclamations ne manquèrent... Encore aujourd'hui, les écrits témoignent de la fête spectaculaire qui s'en suivit, la rendant aussi inoubliable que celle de Bastet... Par ailleurs, un nouveau temple fut envisagé, en l'honneur de cette déesse. Il deviendrait la proue, de l'union entre Pharaon et sa divine personne... et serait officiellement le plus beau de tous les temples d'Égypte ! La preuve de la dévotion du peuple, pour sa nouvelle souveraine !... Que l'histoire retienne le nom de Néférourê, comme celui de la reine la plus adulée de toute l'Égypte Antique !... C'est ainsi que débuta sa formation, Hatchepsout faisant tout son possible pour rendre la vie politique le plus accessible qui soit à sa fille, anticipant bien à l'avance le risque d'un déclin... car Chepsout ne savait que trop bien, les dangers de l'ignorance... Celle dont son demi-frère fut bien des fois la victime, face à ces vipères de prêtres, prêt à absolument tout, pour s'approprier le pouvoir politique, de leur vivant... Oui, à tout... même aux stratagèmes les plus bas...

" Ma reine ? Il est temps d'y aller. Bubastis nous attend... " s'élevait une voix familière, auprès de la salle de bain royale.

Si votre culture égyptienne s'avère infaillible, vous aurez d'ores et déjà deviné, à quel endroit précis comptait se rendre la grande Néférourê... Ni plus ni moins qu'au nouveau temple, étant dédié à sa divinité phare. Celle de ces félins, l'accompagnant sans cesse... Bien entendu, les constructions n'avaient pas fini de battre leur plein, alors seulement s'agissait-il d'une simple observation des travaux en cours. D'autant plus que, le temple se voyant lui porter hommage, la Beauté de Rê se devait de venir remercier et encourager ses loyaux sujets. Elle y avait mis un point d'honneur... Ainsi, Sénènmout l'accompagnerait, comme à son habitude, suivant de près la ravissante reine... Possiblement même d'un peu trop... De cette distance, il pouvait humer l'odeur enivrante du parfum de sa protégée, dont le coûteux savon imprégnait encore sa rayonnante chevelure... Il ferma les yeux, l'espace d'un instant, puis se reprit, ouvrant désormais la marche, pour aller chercher la barque, leur permettant prochainement de descendre le Nil. Car oui, Bubastis comme Ouaset, ou Thèbes, se situaient auprès de ce long fleuve sacré, coupant l'Égypte entière... De ce fait, il suffisait de l'embarcation précitée, pour s'y rendre... Un trajet qui se déroula sans encombre et avec toutes les précautions nécessaires... 

Une fois sur les lieux, après avoir évité les dangers de cette longue route d'eau, à savoir l'abondance des Hippopotames, comme celle des crocodiles, les deux figures de la Haute-Égypte mirent enfin pied à terre... La raison de leur voyage ne se trouvait bien loin, mais se situait en hauteur, à l'écart des habitations. Fallait-il donc arpenter cette colline rocailleuse, qui ne tarderait à se présenter à la Première Dame d'Égypte... Néférourê, malgré son allure délicate et sa grande sensibilité, ressemblait assez à sa mère. Elle n'avait pas peur de se salir, ni de faire des efforts physiques, grimpant toute seule certains murs rocheux, alors même que Sénènmout éprouvait des difficultés à suivre le rythme, comme à retenir son élue... Oui, car, quand bien même notre charmante dirigeante exprimait une certaine facilité à la tâche, tendant parfois la main à son serviteur, pour lui éviter trop d'efforts... dans les faits... c'était plutôt le rôle de celui-ci, que de protéger l'intégrité de son Pharaon... S'il arrivait quelque chose à la Beauté de Rê, jamais il ne se le pardonnerait. L'Égypte même ne lui pardonnerait, d'ailleurs... La pression d'accompagner ce cadeau des cieux, dont la fougue n'avait d'égale que sa compassion, s'avérait donc particulièrement présente... Retirant alors l'excès de poussière de ses vêtements, de par de simples frottements, notre souveraine bien-aimée finit par arriver au chantier, un grand sourire aux lèvres... Mais... ce qui l'attendait, ne manquerait de prochainement la désenchanter...

C'était la première fois, que notre fille du Dieu Soleil rendait grâce à la Basse-Égypte, de sa conséquente présence... Ce qu'elle y constata, une fois le responsable du site abordé, lui fit réaliser certaines inégalités de son pays... Alors que ce brillant architecte lui expliquait, une certaine satisfaction dans la voix, la splendeur dont ce temple pourrait bientôt jouir, la jeune reine observait, impuissante, les esclaves se tuer à la tâche... parfois même au sens littéral du terme... Elle ne voulait pas, de constructions basées sur la souffrance de ses créateurs... À moins de... Sous les yeux écarquillés des deux hommes, une femme s'ajouta à la tâche, essayant, de toute sa pauvre force, d'aider ces tristes existences, dans le travail qui leur avait été imposé... La Souveraine des Deux Terres, au côté d'un prisonnier de guerre, dans le but de le soutenir à fixer cette imposante et lourde dalle, sur ce pilier resplendissant... Un spectacle aussi insultant que doué d'une grande noblesse, dont la représentation ne manquerait de s'inscrire, sur les murs du tombeau à venir... Mais elle ne pouvait continuer ce dur labeur indéfiniment, Sénènmout le lui fit remarquer assez rapidement... Cette affirmation restait d'une totale évidence. Notre protégée de Bastet n'en avait pas la carrure, comparée à ces hommes, ayant voué leur vie et leurs muscles à la tâche... Ils suaient à grosses gouttes et se faisaient fouetter, au moindre relâchement, mais ils tenaient... Rejoignant son père nourricier de toujours, le coeur de ce pays devait se rendre compte de sa royale position... À chacun son rôle, ne doit lui en déplaire... 

La fin de journée approchant, le chef du chantier permit à ses gros bras de se détendre... Ceux-ci, heureux d'en finir pour aujourd'hui, le firent savoir avec soulagement, se donnant quelques petites tapes dans l'épaule, le sourire aux lèvres... Ils recevraient leur paye aujourd'hui même et ne se priveraient pas d'aller retrouver leur femme, profitant de leur soirée durement gagnée pour faire la fête, pendant plusieurs heures... Le saviez-vous ? Ceux que l'on considérait comme étant des esclaves, au temps de l'Égypte Antique, n'en étaient pas réellement... Bien souvent et malgré la rudesse de l'acte entrepris, cette servitude se voyait récompensée honnêtement et ces corps meurtris pouvaient, par la suite, bénéficier d'un repos bien mérité, ainsi que d'un jour de congé par semaine. En ces conditions, difficile de distinguer l'époque Antique de la Moderne... Préfériez-vous opter pour la vision pessimiste, ou optimiste ?... Néférourê, constatant en tout cas la bonne humeur vraisemblable de ces personnages singuliers, comprit alors que se fier aux apparences pouvait mener à des réactions inappropriées... Lorsqu'elle rentrerait à Ouaset, elle demanderait à sa mère de négocier de meilleures conditions de terrain, afin de limiter, au possible, les regrettables accidents, contre lesquels une augmentation salariale ne pourrait jamais prémunir... Forte de cette expérience enrichissante, il fut temps, pour l'empathique Dame d'Égypte, de retrouver ses appartements, avant que la nuit ne tombe... empruntant, à l'aide de son fidèle compagnon, le même chemin qu'à l'aller... Celui-ci serait néanmoins plus rapide à parcourir, la brise aidant cette fois à remonter le Nil. Rendons ce mérite à Shou, notre vénéré Dieu des 4 Vents !

Voilà déjà nombre de mois, que la reine la plus adulée de l'Égypte avait été couronnée... Passant le plus clair de son temps à résoudre les inquiétudes de son peuple, comme à assister sa mère, dans ses démarches administratives et diplomatiques, notre glorieux fruit de la passion ne perdait pour autant de sa vivacité, profitant nonobstant de son temps libre, pour aller entretenir plusieurs de ses amitiés... qu'elle avait, par ailleurs, tissées au Harem... En effet. Depuis la chute de son père, le roi Thoutmôsis II, ce lieu n'avait pas été laissé à l'abandon... Hatchepsout permettant à l'endroit de représenter la demeure complète de ses précédentes résidentes, en leur offrant le privilège de se voir traitées avec respect et dignité, par dédommagement au sacrifice de leur virginité... La place n'apparaissant plus comme un refuge de la débauche et de la décadence, la mère de l'actuel Pharaon s'autorisa, à elle comme à sa fille, de s'y détendre momentanément... Également une occasion de parler, de femme à femme, d'expériences de vie, sans la pression de la caste sociale... Aussi, parfois s'isolait l'ancienne reine, dans une chambre, avec quelques unes de ses, amies... Néférourê n'y prêtait pas vraiment attention, préférant généralement se reposer, au sein de ce large bassin, où elle passait systématiquement un agréable moment... pour le plus grand bonheur de ses interlocutrices, qui constataient, chaque jour un peu plus, la magnificence de notre fleur du désert...

" Ahahah !... Mais, Reine Néférourê... puis-je vous poser une question déplacée ?... Voyez-vous... Depuis un certain temps, une information circule au palais, telle une rumeur persistante... C'est un peu impoli de notre part, que de vous en demander confirmation... seulement, cela concerne tout de même votre apparente liaison avec Sénènmout, votre père nourricier. "

À bien y réfléchir, ce dernier semblait effectivement bien proche de la reine... au point où certaines langues déliées, affirmaient l'attirance révoltante de ce serviteur royal, pour sa majesté... Se dire qu'une personne, ayant pris soin d'un enfant, depuis le plus jeune âge, puisse en tomber sous le charme, au point d'envisager sérieusement une relation amoureuse, avec ce dernier... voilà qui avait le mérite de provoquer outrageusement les conceptions idéologiques de Chepsout, la mère du chérubin en question... De son vivant, jamais sa fille se devrait avoir à supporter, les avances grotesques d'un pervers de la sorte ! Ce n'était pas la première fois, qu'elle le surprenait à rôder, un peu trop près à son goût, aux alentours de la salle de bain royale... Qui sait à quelle distance de sa descendance, s'autoriserait-il à rester, si Bastet et ses chats n'étaient pas là pour lui barrer la route ?... Ces sourires charmés, cette façon familière de lui parler... Tout revenait à l'esprit de cette stratège, tel un violent raz-de-marée !... Il la dégoutait, de plus en plus... Elle qui voyait initialement en lui, une figure de prévenance et de droiture, craignait à présent que le protecteur ne se change en fauve, assoiffé du corps de sa future proie... Si la belle demoiselle faisait déjà tant d'effet, aux chanceuses nouvelles têtes, venant à peine de constater son écarlate personne... alors... que cela devait-il être pour lui, la chouchoutant depuis toujours ?... Assez ! Qu'on le congédie sur le champ ! Avant que ne risque de se présenter, à Chepsout, l'envie de le jeter dans la fosse, où ses semblables à venir résidaient déjà...

" Des calomnies ! Je vous prie de le croire !... Je veille sur elle depuis si longtemps ! Comment penser sincèrement, l'espace d'un instant, que je pourrais lui faire le moindre ma- "

Mais Sénènmout ne fut autorisé à terminer adéquatement sa défensive parole... Déjà l'ancienne Reine d'Égypte détournait le regard, paume de la main fixant le serviteur, dont l'intégrité était remise en question... Possiblement s'agissait-il d'une erreur. Elle en convenait l'éventualité... Néanmoins, il valait mieux prévenir que guérir. L'on ne risque pas la vie de sa propre fille, sur un pari... Il avait la nuit, pour faire ses bagages et disparaître du palais. De plus amples mesures de vérifications viendraient, par la suite... L'homme, rabaissé, humilié publiquement, au sein de la salle du trône, n'avait d'autres choix que de se taire et de s'exécuter... Se mordant les lèvres et serrant du poing, Sénènmout remercia, à contrecoeur, la prévenante mère, pour son impartialité, comme pour la souplesse de son jugement... Il naviguait maintenant, à travers les couloirs du palais, l'air hagard, avant de finir par s'arrêter, au détour d'un embranchement, où il tapa brutalement, de l'avant-bras, contre l'un de ces murs porteurs... De la colère... De l'incompréhension... De la frustration... De la tristesse, aussi... De bien mauvaises conseillères, trouvant leurs sources dans les limbes de l'esprit torturé du serpent géant... Apophis s'approchait sinueusement et silencieusement, de ces malheureuses âmes, perdues dans le désert de leurs souffrances... Ô puissante déesse des chats... Viens en aide à cet agneau égaré et gratifie-le de ta sainte lumière, avant qu'il ne soit trop tard... avant que cette ombrageuse silhouette, apparaissant à présent, ne vienne à lui adresser la parole...

" Un coeur peiné s'enfonce dans le sol... Le voile tombe au loin, sans causer de bruits... Ni vrai ni faux, jour ou nuit... Pour la paix tu agis... Chante avec moi la chanson du sanglant silence... La pluie ne peut laver cette décadence... Dans mon coeur habite une folle fierté... Peut-on m'entendre pleurer ?... "

Voilà déjà quelques instants, que le Soleil d'Égypte soupçonnait la présence d'une personne, non loin de sa chambre... Par Sekhmet, qu'était-ce que cette mélodie familière, résonnant faiblement à travers ses oreilles, comme le ferait un banc de poissons, perdu dans l'immensité de l'océan ?... Elle devait le savoir... Oui, comme ce jour là... où notre reine adorée pensait avoir rêvé de cette jeune femme, aux cheveux de cristal... Terminant de se rhabiller, Néférourê se précipita en direction de son balcon... Elle sortait, une fois encore, de son bain... car il était de coutume, pour les égyptiens, que de se laver régulièrement. À savoir, une fois au matin, mais aussi après chaque repas... L'épilation intégrale était aussi de mise, car l'absence de poils distinguait les humains pensant, de la bestialité animale... Toute propre et apprêtée, la Maîtresse de la Haute et Basse Égypte aurait été ravie de pouvoir, ne serait-ce que revoir, celle qui l'inspira à devenir l'une des danseuses les pays atypiques du pays... Malheureusement... rien... Se penchant, afin de s'assurer ne pas avoir imaginé, de toutes pièces, la voix la plus envoutante qu'elle n'ait jamais entendue, l'élégante demoiselle ne remarquait désormais que le paysage sableux de la Vallée des Rois, comme le reposant bruissement des feuilles de palmiers... Pourtant, elle en était certaine... Cette voix était réelle et était la même, à l'identique, que durant son, enfance... Mais... cela faisait déjà plus de 8 années, maintenant... Il était peu probable que cette mystérieuse dame revienne à elle, après tout ce temps... Et si je vous disais, qu'elle ne l'a jamais vraiment quittée ?...

" Ma reine... Pardonnez mon intrusion, mais le son de votre voix, a comme, happé mon attention... Vous vous êtes vraiment améliorée, si je puis me permettre... Ah. Bien sûr... je n'oserais vous volez ainsi de votre temps, si je n'avais une proposition à vous faire qui, je l'espère, vous enjaillera... Ainsi, que diriez-vous de retourner à Bubastis, pour y observer une nouvelle fois le temple à votre effigie, à présent que le voici officieusement terminé ?... De nuit, je vous assure qu'il s'exhibe d'une prestance incomparable. Veillons juste à ne pas attirer l'attention des gardes, en en profitant, de surcroît, pour nous vêtir chaudement... "

Sénènmout ?... Le voici tout à coup bien loquace, lui qui se montrait d'accoutumée si taiseux, se targuant de représenter la prudence, au moindre risque de débordements... Mais... cela ne dérangeait nullement la Beauté de Rê, qui était ravie d'un tel changement. Pour elle, là le signe qu'il se décoinçait enfin un peu... Imaginant déjà le véritable spectacle étoilé, se présentant bientôt à eux, lors du trajet à venir, mais aussi à la constatation de la prometteuse architecture, aux traits divins... Néférourê, de son bon coeur légendaire, comme de sa curiosité maladive, accepta avec joie l'offre de son père nourricier... lui sautant au cou, dans un élan de bonheur... Il fermait les yeux, profitant de ces instants de pure douceur, sa main tremblante hésitant, durant un court laps de temps, à se refermer sur la soyeuse chevelure de cette divinité humaine, qu'il souillait pourtant désormais... Sa proximité avec la reine n'avait jamais été aussi forte... Il se sentait si privilégié, si, chanceux... Tant et si bien qu'il ne pouvait plus s'arrêter, en si bon chemin... Mais soudain, l'homme fut pris d'un spasme instinctif, reculant brusquement de sa protégée... Prêtant alors attention aux doigts de sa main, il y remarqua du sang perlant... Les chats... Il venait de se faire griffer par l'un d'eux... le guettant à présent d'un air menaçant, tout en montrant les crocs... Après avoir rassuré la Fille de Rê sur sa condition, se léchant quelque peu les doigts avant d'appliquer un fin bandage, Sénènmout invita la Reine d'Égypte à sortir la première, de ses appartements, refermant ensuite et derrière elle la porte, au nez de ses précédents agresseurs...

Au-dessous du balcon de l'élue, une figure bien singulière se trouvait... serrant, du poing, le centre de sa poitrine, alors que deux sillons humides s'écoulaient, du long de ses joues... Elle pleurait... cette si mystérieuse silhouette de cristal, arborant un sceptre à la main droite... Celui-ci, ligné horizontalement d'or et de lapis, se clôturait en ombelle de papyrus... signifiant, dans le culte égyptien, la santé comme la verdeur... Au devant de ces yeux dorés, les deux fuyards, bravant les dunes désertiques de Thèbes, rejoignant également leur destin commun... Alors, paraissant finalement se reprendre de ses émotions, la sensible entité cligna fortement des yeux, dégageant l'eau salée s'y trouvant et fixant l'horizon, d'une détermination nouvelle... La lune écarlate, quant à elle, guidait ces âmes égarées... se reflétant, de sa symbolique blancheur, par-dessus les innombrables particules ocres, se pliant aux sandales de nos deux voyageurs... dont l'ombre masquait partiellement la brillance de cette scène, déjà en soi gratifiante, au fil de leur avancée... L'eau du Nil, pour sa part, pétillait de multiples lueurs. Les étoiles la bénissant tendrement... Cette nuit serait inoubliable, à bien des égards... À leur tour, ces témoins de l'antiquité se le remarquèrent mentalement. Chacun s'extasiant de ses espérances propres... paraissant quémander un voeu audacieux, au ciel qui les vit un jour, naître en ce monde...

De retour à Bubastis, nos deux égyptiens n'eurent cette fois l'obligation d'escalader l'imposante structure, bien qu'ils n'eussent le besoin, auparavant, de faire preuves de grands efforts, afin d'y parvenir... Une route avait effectivement été tracée et percée dans la dure pierre, dans le but de faciliter l'accès à l'intrigante colline... Comme promis, une vision emplie d'une divine splendeur, tressaillit Néférourê, d'une émotion intense... Elle n'avait de mots, pour décrire la finesse, l'exactitude, l'inventivité de cette glorieuse structure, lui faisant dignement face... Sénènmout, soulagé, mais surtout aussi émerveillé que sa reine, croisa son regard pétillant de contentement... C'était le moment, l'occasion tant rêvée de lui présenter ses sentiments les plus sincères. Il le savait... que plus jamais, il ne pourrait bénéficier d'une telle chance... Ainsi se permit l'ensorcelé, d'oser effleurer la peau de son aimée... s'apprêtant à énoncer les mots qui scelleraient, définitivement, la destinée leur étant accordée...

" Ô ma florissante reine... permettez à ma demande, certes peu orthodoxe, de s'exaucer en ces lieux... J'admets, moi aussi, porter votre reflet en ce coeur, volé par vos soins, depuis un passé lointain... Que cette déclaration officialise notre union, envers et contre toutes ces langues de vipères... Partons vers de nouveaux horizons, je vous en conjure... et vivons notre amour pleinement, jusqu'à la fin des temps... "

Un aveu qui ne manqua d'estomaquer vivement la jeune souveraine, par sa gravité évidente, alors que la main de cet homme, méconnaissable, s'appliquait sur sa délicate joue... La voyant rougir manifestement, les lèvres de ce nourricier se rapprochèrent de celles, appartenant à la divinité humaine... Seulement, ce serviteur désespéré se fourvoyait, après l'avoir vraisemblablement et tristement été... Les rougeurs de Sa Majesté, n'étaient dues qu'à la surprise et la gêne... non en la réalisation d'un amour réciproque... Sénènmout, était ce père, qu'elle n'avait jamais eu... et rien de plus... Se retirant poliment de cette étreinte subite, la grande Néférourê ne sut comment réagir, face à un tsunami de cette ampleur... se contentant d'un recul de quelques pas... comme d'une réponse timide et négative, de la tête... Des larmes trouvèrent leurs sources, en les paupières de ces deux créatures terrestres. Elle le savait... elle le sentait, ou plutôt le ressentait... qu'elle ne parvenait qu'à fissurer, qu'à briser davantage un bien triste coeur, fatigué par le poids des années... Un silence gênant s'installa alors, l'espace de quelques instants, avant que ne termine de se fracturer, en un millier de morceaux, cette existence désormais bien meurtrie... plaquant par surprise sa dirigeante au sol, en lui tenant les épaules... son regard cherchant le sien, d'un désespoir bien perceptible... Ainsi, de sa voix devenue si cassante et intimidante, le serviteur déchu s'exprima, d'une hargne qui ne manqua de paralyser son ancienne maîtresse.

 

 

" Non... NON ! Non, non ! Ils me l'ont dit. Ils me l'ont assuré ! Arrête de te mentir à toi-même !... Pourquoi tu fais exprès de me mettre dans un tel état ?... Ces sourires et ces attentions ne représentent donc rien, pour toi ?! Ca te fait plaisir, que de charmer les hommes, pour ensuite les balayer, d'un revers de main ?!... REGARDE-MOI, QUAND JE TE PARLE, CATIN !... Uuurhuhuh... Aaah... Oui... Je vois de quoi voulaient parler les prêtres, à présent... Ce n'est pas que tu ne m'aimes pas... Notre amour n'est juste pas fait pour être vécu en ce monde... Mais je suis prêt. Je suis prêt à y renoncer ! " hurlait le fou, à pleins poumons, tandis qu'il effectuait des attouchements gênants, à la reine de son coeur, qui éprouvait des difficultés à se débattre.

Et puis, brusquement... une sensation aussi foudroyante que le dard de Serket, la déesse scorpion... Cela faisait mal... si mal... La Première Dame d'Égypte en avait le souffle coupé, baissant lentement la tête, afin de constater la nature de ce corps étranger, pénétrant aisément en elle... Du sang tâchait sa peau, pourtant si douce... Écarquillant des yeux, elle le remarqua... cet effrayant poignard, s'invitant au sein de la chair recouvrant son ventre... Il était trop tard, pour faire machine arrière... il ne restait plus qu'une seule et unique chose à faire... Sous les débuts de contestations de la pauvre demoiselle en détresse, Sénènmout tourna son arme, avant de l'enlever prestement de son précédent réceptacle, occasionnant ainsi encore plus de dégâts... avant de la retourner contre lui-même et de s'infliger le même sort... Les rivières de fer se mélangèrent alors, sous l'émergence des vifs râles de leurs sources... Non... Non, jamais elle n'aurait voulu que cela se passe ainsi... Pourquoi, tant de souffrances... Pourquoi, tant de désespoir... tant de tristesse, de haine... Comment pouvait-on en arriver à de telles extrémités ?... Ces disciples d'Apophis, ne disposaient-ils de la moindre pitié, pour ouvrir la voie de leurs sombres desseins ?... Néférourê se le demandait, alors aux portes de la mort... Mais elle ne pouvait pas se laisser aller, se laisser porter par la vague... Lui, voulait mourir, pour ne plus avoir à endurer la rudesse de la vie... Elle, voulait continuer de guider son peuple, quitte à en souffrir le martyr...

" ... Ha... T'es pas possible... Tu irais, jusqu'à tenter de sauver, ton propre meurtrier ?... Qu'Anubis me persécute... de mettre fin à une existence si pure... " furent les derniers mots, en provenance du père nourricier, qui fermait les yeux, avec pour regrettable vision, celle de sa jeune protégée en pleurs, masquant vainement la plaie de l'agresseur, de ses deux mains sacrées.

Elle le voyait... ne pouvait s'en détacher... Ce regard s'absentait, mourrait, devant l'attention impuissante du Soleil d'Égypte... Ses lèvres tremblotantes n'arrivaient à exprimer le moindre mot, rongées par le désarroi et la culpabilité... C'était de sa faute. La souveraine des sables avait provoqué cette situation, en ne faisant assez attention aux sentiments grandissant, de sa plus proche relation... Elle était la seule à blâmer, pour ses erreurs... Se le persuadant douloureusement, elle enlaça, de toutes ses forces, le mourant Sénènmout... comme pour exprimer un espoir fugace, de pouvoir encore le maintenir en vie... ne fut-ce que l'espace d'un instant... Hélas, il fallait se faire une raison, à présent... Le dieu mortuaire l'avait certainement déjà emporté... mais elle ne voulait pas renoncer... Jusqu'à son dernier souffle, sa dernière étincelle de vie... elle continuerait d'y croire... de prier mentalement, pour qu'on lui rende son père ! Son seul et unique... Pourquoi avait-il fallu tout gâcher ?... Était-ce sa punition ? Il n'avait pas à l'endurer ! Néférourê aurait été prête à sacrifier sa vie, pour qu'il ne s'éteigne. Elle en aurait fait de même, pour chacun de ces citoyens, dont elle se souvenait actuellement des visages... Eux non plus, elle ne voulait pas les abandonner... Mais alors, que faire ?... Comment agir ?... Elle n'en savait rien, se montrait totalement dépourvue de solutions... La Maîtresse des Deux Terres avait envie de crier, d'appeler sa mère, ou n'importe quel autre personne susceptible de les aider... Seulement, d'ici, personne ne pouvait entendre ses lamentations, ni même ses cris d'agonie... Ses beaux yeux turquoises se tournèrent alors, en direction de ce temple, censé rendre gloire à l'horrible personne qu'elle représentait...

Il était éprouvant, pour une jeune femme si frêle, que de transporter ainsi un corps d'homme, même de ses deux bras... Seule la foi, lui permettait de tenir, encore et toujours, alors qu'elle se vidait, peu à peu, de sa substance pourpre... Arpentant difficilement le chemin, censé la mener à ces escaliers, l'empathique créature manqua plusieurs fois de trébucher, ne prêtant plus la moindre attention à la caillasse, présente à ses pieds... Elle respecterait la promesse, qu'elle venait de se faire... Elle lui présenterait sa misérable prière, quitte à paraître plus ridicule encore, qu'elle ne l'était déjà devenue... C'était bien là la moindre des choses, pour se faire pardonner de ne pas réussir à assumer le fardeau, que lui imposait pourtant son statut de Pharaon... Ce soir et devant ce ciel étoilé, se couvrant et pleurant à son tour, comme pour tenter d'effacer les traces de ses fautes... elle les avouerait, les reconnaîtrait... et demanderait à en payer mille fois le prix, si seulement cela pouvait lui rendre la vie, comme assurer un avenir prospère à son peuple, que cette triste figure s'apprêtait à quitter... dans le plus lâche de tous les silences... Non !... Par respect envers eux... par respect envers sa divinité... elle chanterait... elle chanterait, de toute son énergie restante, sa dernière mélodie... maintenant la fleur se fanant et titubant, sa vision se troublant davantage, marche après marche... Cette chanson, était celle de son chagrin, de ses tourments, de ses espoirs, de sa rédemption... de ses remords... de ses remords... ses remords... remords... mords... Mort.

" ... Et bien... On ne peut pas dire que tu te sois pressée, d'y passer... Je suis débordée de travail, alors ne prends pas racine et contente-toi de me suivre, veux-tu ?... "

Au sein d'une pénombre malaisante, une voix parut résonner, avant que ne se dévoile, devant ces yeux ébahis, une silhouette féminine des plus étranges... Son allure paraissait clairement se raccorder à l'Égypte, mais impossible, pour la Fille de Rê, de déterminer l'identité de cette dame, à la prestance certaine... Quoi qu'il en soit, elle restait munie de nombreuses dorures, parcourant à la fois son corps et sa courte chevelure... disposant pourtant d'une bien longue tresse... Mais... elle dégageait, comme, une aura sinistre... Typiquement le genre de personne que l'on rencontrait, purement par hasard, au beau milieu de la nuit, et dont suivre les traces, jusqu'à sa demeure en ruine, n'inspirait le moins du monde une quelconque forme de confiance... Regardant à droite, comme à gauche, seul un océan d'obscurité, apparaissait désormais à l'adulée Reine d'Égypte... Depuis quand se retrouvait-elle ici ?... Se relevant du sol, visiblement sableux, Néférourê en déduit qu'elle devait probablement se trouver, en plein centre du désert... À bien y réfléchir, l'obscurité des lieux pouvait se justifier par son dernier souvenir, avant le naufrage... Celui de ces imposants nuages, recouvrant peu à peu le ciel... Ah ! Sans oublier cette atroce douleur à la tête, comme à son estomac... qu'elle n'éprouvait étrangement plus. L'avait-elle soignée ?... Plutôt curieuse et se montrant surtout désemparée, par la situation actuelle... notre élue des dieux demanda davantage de précisions, pendant cette marche à l'aveugle, dont le seul point de repère se définissait au-devant... À savoir, sa récente interlocutrice...

" ... Mmh... Malgré ta saisissante beauté, l'on ne pourrait pleinement affirmer pouvoir te qualifier de, flèche, Reine Néférourê... Tu es morte. Voilà tout... Et mon rôle... consiste à te mener jusqu'au grand Enma, afin qu'il puisse adéquatement juger de ton acceptation, ou non, dans l'Au-delà... À présent ces informations délivrées, je te prie de bien vouloir presser le pas. Je n'ai pas que ça à faire !... Ne te pense pas unique, simplement car tu représentes la chef d'une tribu perdue, dont tout le monde se fiche... j'ai bien d'autres âmes à récolter que la tienne, à travers les univers, crois-moi... "

Comment ?!... Cela faisait beaucoup d'informations à traiter, en un laps de temps relativement court... La Main de Dieu n'était pas sûre d'y parvenir, en l'instant, ayant déjà bien du mal à se concentrer sur ses propres pensées... C'était comme si, tous ses précédents souvenirs prenaient l'allure de rêves si lointains... L'instant de la mort de Sénènmout, ses douleurs, son désarroi... Était-ce l'endroit lui-même, qui lui imposait cette impression ? Impossible de le déterminer... Ce qu'elle saisissait en revanche bien, c'était que son corps ne disposait même plus de la moindre marque de conflit... Pouvait-elle faire confiance à cette sombre entité, vêtue d'apparats mauvés ?... S'avérait-elle réellement décédée ?... La tournure des évènements semblait logiquement l'indiquer. Mais alors... La personnalité lui faisant face... la faisant passer du monde des vivants au monde des morts, ne pouvait être que... ! Oui !... Ces croix d'Ânkh, parcourant son corps !... Les croix de la vie... Seules les divinités, s'en voyaient pourvues. Donc, ce passeur ne pouvait représenter que... Non... Non, c'était une femme... et elle n'avait pas une tête à l'allure de chacal, non plus... Néférourê devait certainement se tromper... En fait, il aurait été plus sage de voir en elle, la représentation de Nephtys. Sauf que le rôle de cette dernière n'était pas de... Tout ceci n'avait aucun sens. Et qui était ce Enma, d'abord ?... Ce n'est pas à lui, de réaliser la pesée des âmes. Cette femme ment !... Certainement essayait-elle de profiter du trouble, sévissant encore dans l'esprit de la jeune souveraine, pour lui jouer une farce, voire même pire... Non. C'était décidé. Le Soleil de Rê ne l'accompagnerait pas davantage, avant que cette rustre personne ne se décide à lui avouer toute la vérité !

" Oh... quoi ?... Allez... Pourquoi faut-il toujours que vo- " recommença à s'exprimer la dame, à la blanche tignasse, n'entendant plus le moindre pas et désormais bien agacée de ces caprices habituels.

 

 

Qu'est-ce que ?!... L'atmosphère... elle avait changé... Se retournant, afin de réprimander la trainarde, l'antipathique dame le constata, de son air interloqué... La Maîtresse des Deux Terres la fixait, avec détermination, sans pour autant se rendre compte d'un changement, s'opérant autour d'elle... Mais la déesse de cette dimension passerelle, remarquait bien une anomalie, se dévoilant en la représentation de ces minuscules bulles lumineuses, se faisant de plus en plus nombreuses... Elles apparaissaient aux côtés de cette reine déchue et semblaient même en établir leur centre de gravité, tournoyant à vitesse exponentielle... Tournant et penchant suspicieusement sa tête, la divinité eut un mauvais pressentiment, la forçant mentalement à se préparer en conséquence... tendant lentement le bras à sa droite, pour y laisser apparaître un sceptre de croix d'Ânkh, en or massif, qu'elle attrapa gracieusement, de chaque doigt de la main... C'était bien la première fois, qu'une présence intrusive s'invitait de la sorte, au sein de son territoire... et elle le regretterait amèrement... Alors ces particules translucides commencèrent-elles à se rassembler, au-devant de la souveraine d'Égypte et dans la surprise la plus totale... D'abord une fine colonne, se rapprochant subtilement de ces terres ocres, avant de s'y appuyer... causant, par ailleurs, ce qui sembla être une onde de choc, à intensité modérée... À titre de comparaison, l'effet aurait été aisément reproductible, à l'aide d'un caillou et d'une flaque d'eau... L'évènement se reproduisit alors, non loin du premier, tandis que notre passeur écarquillait enfin des paupières... Était-ce, des pattes ?... Et cette fine tête, émergeant désormais de ces fusions... Du cristal !... Le reste de ce corps félin finissant alors de se matérialiser, sous la frustration évidente de la faucheuse, cette dernière ne put s'empêcher de prendre la parole, avec fermeté.

" TOI ?!... Tu n'as pas le droit de te montrer ici ! Les dieux ne te l- "

" Les dieux peuvent bien aller se faire voir, Anubis !... Je ne donne pas naissance à mes enfants, pour les observer d'entretuer, chaque jour durant !... J'en ai assez... Je ne peux supporter davantage cette situation. Alors, à partir de maintenant... J'AGIS ! " coupa la somptueuse créature quadrupède, avant de violemment taper ces grains sableux, de la patte.

Une onde de choc, cette fois-ci bien plus perturbante, manqua de renverser les deux femmes présentes, alors que l'étrange chat commençait à rayonner fortement, ouvrant totalement ses aveuglants yeux jaunes !... La déesse mortuaire sentait désormais, comme un remous spatio-temporel, au sein de sa prison... Des dimensions s'entrecroisaient visiblement et cela ne pouvait signifier qu'une seule chose !... Le regard haineux, l'habituellement si calme déité voulu riposter, avant qu'il ne soit trop tard... Seulement, la lueur, pourtant déjà vive, éclata soudainement... de par l'illumination de cette marque d'ombelle de papyrus, incrustée au cou de la perturbatrice !... Le Soleil de Rê, comme la dirigeante des Shinigamis, furent contraints de se protéger les yeux, de leurs avant-bras... sous les jurons de cette dernière, qui comprenait enfin l'issue inévitable de cette rencontre, mais également le but de cette intrusion... Néférourê, de son côté, totalement dépassée par la succession de ces bouleversements, ne put se concentrer que sur une seule pensée... Sa voix... La voix cristalline de sa sauveuse apparente, qui provoqua l'ébullition subite de sa mémoire, se souvenant d'un sourire... d'une délicatesse... d'un chant bien distinctif... Ce fut cette dernière réalisation, qu'elle emporta à travers le cosmos... alors qu'un désert bien sombre, reprenait désormais ses teintes inquiétantes... Anubis resta ainsi... quelques secondes, quelques instants... seule et immobile, au milieu de son antre sinistre... avant de commencer à serrer fortement son sceptre, comme sa mâchoire... Pourquoi lui infligeait-on ça ?... À elle, qui se tuait toujours à la tâche, pendant que d'autres roupillaient injustement, pendant des millénaires ?!...

" ... Alors, toi aussi... Mais je ne peux te permettre d'agir ainsi... Tu m'entends ?! Ca ne se passera pas comme ça, BASTET ! " déclara-t-elle alors, entrant en éruption et claquant fermement sa croix allongée au sol, causant donc l'apparition d'une multitude de chiens anthropomorphes, aux muscles saillants et aux crocs acérés, que son regard noir se permit de transcender, avec fureur.

Caractère

Si l'on devait présenter la Main du Dieu en un seul mot, le terme s'en rapprochant le plus serait, sans aucun doute possible... philanthrope... Absolument. Notre grande souveraine, douée d'un sens de l'empathie particulièrement surprenant, aime ses semblables plus qu'elle-même et ne peut pas consentir à les voir souffrir... Sans cesse, la beauté du dieu Rê agit avec la volonté de rendre le monde meilleur qu'il ne l'est. Promulguant la paix et l'équité, sur son passage, Néférourê rêve d'un monde où les violences cesseront définitivement... Il s'agit d'une jeune femme pleine de bonne volonté, donc, qui ne manque pas non plus d'énergie. Elle ne vous refusera jamais un service, tant que cela ne fait du mal à personne... En outre, notre bénédiction des cieux apprécie et encourage tout climat, susceptible d'apporter la joie à son entourage. Elle-même ne se prive pas de pratiquer deux de ses activités favorites, lorsque l'ambiance s'y prête ou qu'elle demande à être encouragée... S'il peut sembler plutôt rare, pour une personne de son statut, de se dévoiler ainsi, l'élue de Bastet ne peut tout simplement pas résister à l'appel de la danse et du chant, constituant, chez elle, plus un mode de vie qu'une simple passion... Le bonheur se propage avec du bonheur, vous répondra cette charmante personne, aussi joviale que curieuse. Car oui, Néférourê n'ayant pas eu le loisir de beaucoup voyager, ce grand enfant s'émerveille souvent de la moindre découverte... De par sa nature douce et généreuse, ses chanceux interlocuteurs gardent généralement une bonne impression, de leur entrevue avec la reine... même si cet état de fait dépend aussi de la nature de l'intéressé... Vous l'aurez surement déjà compris, mais au risque de se répéter, il serait naïf de penser que la plus belle femme d'Égypte ne l'est, qu'au travers de son apparence... Le pouvoir attractif de ce miracle ambulant, s'étend aussi loin que sa mélodieuse voix, comblant peu à peu d'amour, jusqu'aux coeurs les plus sombres... Dit ainsi, il est aisément admissible de la penser niaise. Le genre de fille bien gentille, toute fragile et prônant timidement le drapeau blanc. Quelle erreur, que de réduire notre souveraine adulée à cette image grossière... car la grande Néférourê sait se montrer courageuse et franche, aux moments opportuns, tout comme sa mère le fut, en son temps. L'Égypte ne se satisfait pas d'une dirigeante, qui se lime les ongles toute la journée. Ca, la jeune reine le sait bien... elle qui s'évertue toujours à se rendre au lieu même des difficultés, afin de les régler... C'est également ce qui fait tout son charme. Une femme se souciant réellement de la position de son peuple, l'aidant parfois directement dans ses tâches, car nous sommes tous humains, après tout. Personne n'a à se considérer supérieur à l'autre. Nous sommes égaux, tout simplement... Et les rares élus du peuple, se doivent de donner l'exemple, de prendre leurs responsabilités, dans le but de protéger les citoyens du danger, ou au moins de leur donner les moyens et le soutien nécessaire pour ce faire... La fille de Rê n'a donc pas peur de se salir les mains, pour aider son prochain, malgré ce que son accoutrement pourrait laisser croire... De sa fougue, l'élue de Bastet se battra bec et ongle, pour défendre ce en quoi elle croit. L'humanisme, en un mot... Bien sûr, les déceptions surviennent, telle la tempête de sable, ravageant le désert, au soleil couchant... Est-ce une raison pour abandonner sa patrie ? Est-ce une raison, pour creuser un raccourci ? Cela justifie-t-il de se laisser porter par le vent, balayant honteusement toutes nos angoisses ?... Non ! La belle demoiselle garde cette fierté, au fond du coeur... Celle de ne jamais abandonner, ce peu importe la rudesse du trajet. Car si le chef de la troupe laisse son genoux tomber à terre, quelle image de son pays rend-il à ses fidèles ? Celle d'une nation agonisante ? Alors oui. Physiquement, notre don des dieux peut paraître frêle, mais sa mentalité, elle, reflète le visage fauve de la déesse chat, défendant et encourageant ses protégés, avec ardeur et détermination. C'est ainsi, que l'on devient la reine la plus vénérée de l'Égypte Antique ! Avec un coeur d'or, doublé d'une âme d'argent ! La recette qui aboutira, nous l'espérons tous, à l'unification galactique, dans un avenir prochain... Croyez-vous en l'avènement de Néférourê, Reine de la Galaxie ? Quelqu'un y croit... Quelqu'un a choisi de lui donner la première impulsion... Quelqu'un ayant décidé de risquer, jusqu'au sacrifice de son enviable position, pour permettre à cette idéaliste de suivre le chemin de sa nouvelle destinée, qu'elle espère fleurir, tel un véritable raz-de-marée !... Chaque jour, le monde se vide un peu plus de son sang et il est plus que temps d'y mettre un terme... Observez cette intrigante personnalité renverser le cours de l'histoire, offrir un virage inattendu à ce circuit, tournant indéfiniment en boucle... Certaines personnes affirment, qu'il est parfois nécessaire de briser nombre de règles, pour favoriser l'émergence d'un climat plus sain... Qui décide des règles, sinon des antipathiques complets, ne bougeant le petit doigt, pour résoudre les situations catastrophiques, dont ils sont eux-mêmes responsables ?... Traversant les dimensions comme l'on visite une galerie, elle bouge de sa position confortable, se met volontairement en danger, afin de sauver possiblement la seule personne en mesure de l'aider, dans son objectif démesuré. Ô fidèle lecteur des récits de sa grandeur... laisse-moi te compter celui de la plus grande reine, de toute l'histoire de l'humanité. Laisse-moi te faire vivre le véritable règne, de Néférourê, Souveraine de la Galaxie ! Par Osiris, ainsi louée soit-elle...

Physique

Illuminant les sables de sa clarté, la reine d'Égypte, mieux que de causer l'émergence de bien des désirs, fascine son peuple, de sa simple silhouette. Celui-ci voyant en elle, un modèle de perfection corporelle... Sa peau, écarte comme le soleil, valut à Néférourê l'origine de son nom. Ce dernier la décrivant, de cette langue oubliée, comme la Beauté du dieu Rê... Loué soit-il, pour son cadeau des cieux... Cette belle texture, aux reflets or, se voit recouvrir celle qui fut, en son temps, admirée de bien des manières... D'une taille équivalente à 1 mètre 75, pour un poids estimé aux environs de 60 kilos, la Maîtresse des Deux Terres n'a fini de contester les normes de la populace, sa poitrine opulente paraissant prouver sa nature divine. Selon les Égyptiens, tout du moins... Décrite comme l'épouse du Dieu Amon, par ses pairs, beaucoup voient surtout en elle l'élue, voire la réincarnation, de la déesse Bastet. En effet... Bastet représentait la déesse chat, dans l'Égypte Antique. Celle de la joie au foyer, de la maternité, de la chaleur du soleil, mais aussi de la musique. Symbole de la féminité, comme de l'énergie charnelle, de l'amour, elle protège, chaque nuit, l'humanité des forces du mal, représentées par le terrible serpent géant Apophis... Les légendes veulent qu'elle veille également sur le nouveau Pharaon, l'allaitant et le préservant des multiples dangers sur sa route... Comme une preuve, venant conforter ces idées, Néférourê parait avoir un certain attrait pour les félins. Ceux-ci ne la lâchant, d'ailleurs et généralement pas, d'une semelle... Sa coiffe de souveraine, de la Haute et Basse Égypte, fut conceptualisée en conséquence. Principalement en or massif, celle-ci se voit taillée comme une demi-coupole, avec à son sommet deux oreilles de chats, sculptées... Plusieurs languettes, en formes de gouttes de pluie, viennent ponctuer ce magistral couvre-chef, ci et là, tandis qu'un second matériau s'occupe de varier le style esthétique de l'élégante reine... Du Lapis-Lazuli... D'une couleur bleu outremer, cette pierre précieuse fut souvent utilisée pour les ornements, en ces temps ancestraux. Son reflet restant la cause de nombre de fascinations, il fut tout naturel qu'une telle demoiselle doive s'en voir pourvue, à outrance. Pour autant, notre dame du peuple voyage plutôt léger, son haut ne représentant qu'un pudique soutien-gorge, accroché à son collier d'or et de lapis... aux côtés duquel plongent deux mèches, d'une bien longue chevelure... Noirâtre ou plutôt brunâtre, il n'est pas évident de distinguer la réelle couleur de celle-ci, Rê semblant se jouer de notre perception visuelle... tout comme pour les yeux de cette déesse des sables... Ceux-ci, d'une subjugante teinte turquoise, aux reflets tantôt profondément bleutés, tantôt admirablement jaunés, n'ont de cesse d'aguicher tout regard les croisant... Des sourcils fins, des cils naturellement longs, un nez légèrement en trompette, ces joues légèrement bombées, mais aussi ce sourire doux et confiant, participent activement à l'élaboration d'un visage mille fois trop charmant pour sembler vrai. Et malgré tout... Alors, tentant vainement de masquer la délicatesse de cette frêle, mais séduisante silhouette, voici ces hauts gants, aussi blancs que le reste des vêtements, confectionnés en lin... Ils remontent jusqu'à la seconde moitié des bras, se clôturant d'élégants brassards en tissu, cernés d'anneaux dorés. Tout comme le large, passant par dessus les épaules de la fille du Roi Thoutmôsis II... Tant qu'à ne pas frustrer les dieux, de détails honteusement omis, profitons-en pour marquer la réalité de bordures en or et en lapis, concernant le soutien-gorge précité... tout comme pour justifier la chevelure, à frange carrée, concernant la conception des mèches, par la présence de coûteux bracelets en or... L'espérée inaltérable beauté, dont les diverses parures en transportent la parole divine, affiche un bassin, doublé d'un fessier, tout bonnement hypnotisant... Néanmoins, il faudra se contenter de cette vision... la virginité du Pharaon apparaissant visiblement protégée, d'une simple culotte blanche, recouverte d'un voile opaque, bien que court. Il serait faussé de l'apparenter à une partie de jupe, même si deux autres voiles parcourent partiellement le flan, de la partie haute de ces gracieuses jambes... Sans oublier celui, davantage imposant, censé vous masquer la vue de ce royal fessier, en terminant sa course à la manière d'une cape... Pour faire tenir tout cela en place, une simple bordure d'or, autour de la taille, agrémenté de trois dorures en demi-cercle, au devant comme à l'arrière... les quatre voiles disposant, à leurs finalités, de gouttes d'or, comme pour la coiffe, donc... N'oublions toutefois l'ornement, doré et bleuté, faisant étalage de son emprise, sur la cuisse gauche de notre reine bien-aimée... Maintenant la goûteuse visite arrivant à son terme, il reste convenu de citer ce que beaucoup apparenteront à des chaussettes, asymétriquement hautes, encore une fois inutilement embrassées de parures somptueuses... Ainsi noterons-nous plutôt ces pieds de princesse, admirables également aux talons, et dont les ongles se voient décorés d'un vernis faisant gloire au Nil, ce fleuve abreuvant l'Égypte de son eau salvatrice... C'est l'acte de grâce de Sobek, le dieu crocodile !... Malgré tout... ce double anneau turquoise, flottant étrangement, telle une auréole, autour de cette fragile cheville... que représente-t-il ?...

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