Sinka

Histoire

Je tenais entre mes doigts une plume dont la couleur inconnue -aucun mot ne saurait la décrire- captivait toute mon attention. Des ailes de quel volatile s'était-elle détachée ? C'était assurément un spécimen innomé et donc intéressant. Je relevai lentement le menton pour contempler le ciel incolore de la planète Arabasuta, bercée par l'espoir que la mystérieuse créature allait subitement, et rien que pour moi, sillonner les hauteurs blêmes et fades qui s'étalaient à perte de vue. Je souris béatement à cette pensée, frottant machinalement la plume contre la paume sensible de ma main droite.

- Sinka ! Cours !

Je ne pris même pas la peine d'adresser un regard à Ashetto qui débarquait en braillant, comme bien souvent, refusant de prendre mes missions au sérieux. Ce malappris assurait correctement ma protection, mais il était bien incapable de comprendre l'importance de mon entreprise.

- Hm ? Pardon, mais j'ai trouvé quelque chose d'intéress...

- Putain, Sinka, pas maintenant ! Cours !

Je tournai les yeux dans sa direction alors que sa main se refermait violemment sur mon poignet pour me tirer vers l'avant. Il ne me fallut guère de temps pour lire la terreur sur son visage, faisant vibrer ses pupilles et trembler son menton.

Nous, les Gakushas, n'agissons jamais sur un coup de tête. Nous ne cédons pas aux appels des émotions. Aussi pris-je le temps de pivoter afin de voir ce qu'il fallait fuir. J'écarquillai les yeux alors que la peur, brutale, se mit à étreindre mon cœur.

L'horizon avait disparu sous une immense nuée de poussière blanche, je devinai rapidement qu'elle avançait inexorablement vers nous. J'abdiquai face à la pression de la main d'Ashetto et me mis à courir. Sa vitesse était incommensurable avec la mienne et il m'aida en me tractant avec puissance. Mes pas, ne parvenant plus à s'enchaîner correctement, effleuraient à peine le sol, tandis que les siens y résonnaient avec une intensité que je n'imaginais pas possible.

- Mais qu'est-ce ?, hurlai-je d'une voix haletante.

- Je n'en ai aucune idée, c'est toi qui es censée savoir ce genre de choses, merde !

Autrefois, la curiosité l'aurait peut-être emporté sur la prudence, mais j'avais déjà traversé de nombreuses épreuves et je tenais malgré tout à la vie. De toute façon, Ashetto ne m'aurait jamais laissée aller voir cela de plus près. Il aurait été capable de m’assommer pour m'en empêcher... Je n'osais pas me retourner, de peur de trébucher ou de voir que nous n'étions pas assez rapides.

Je ne saurais dire combien de temps s'écoula avant que notre course ne soit interrompue par un incident regrettable. Cela ne dura probablement que quelques minutes mais celles-ci furent si longues qu'elles me parurent se perpétuer durant des heures.

Soudain, il n'y eut plus de sol sous mes pieds. Ashetto parvint à se maintenir en suspension, parce qu'il en avait la capacité. Dans la panique, ou peut-être volontairement, sa main quitta la mienne. Ce fut la chute. Puis le néant.

___

 

La première sensation que j'éprouvai à mon réveil fut une vive douleur à mon flanc gauche qui me confirma que je n'étais pas morte. La lumière, intense, perçait à travers mes paupières. Le chuintement timide d'un cours d'eau résonnait non loin. Mon esprit embrumé se rétablit peu à peu et j'ouvris les yeux. Arabasuta était toujours aussi blanche, si blanche qu'il fallut de longs instants à mes prunelles pour qu'elles s'habituent à cette blancheur intense.

Je redressai le buste. Je constatai, avec une certaine ironie, que la plume était toujours dans ma main. Étendre le Savoir est essentiel pour les Gakushas, ce détail le confirmait. Je parvins à me hisser sur les pieds, relevant mon corps endolori.

Je tournai sur moi-même, évaluant le paysage autour de moi. Nous n'avions pas encore exploré cet endroit. Je me trouvai au pied d'une haute falaise dont la pente abrupte était percée d'arbres cotonneux qui avaient certainement amorti ma chute. Je fus soulagée de constater que le nuage de poussière s'était volatilisé.

J'allais avoir du mal à marcher. Je n'avais aucun matériel pour me repérer, ayant tout abandonné dans la fuite, et j'étais donc dans une mauvaise posture. Il me restait encore un espoir, peut-être...

- ASHETTOOOOOOOO !

Évidemment, je m'égosillai pendant des heures, jusqu'à en perdre la voix, et il ne vint pas. Personne ne vint.

Pour la première fois de ma longue existence, j'allais devoir me débrouiller toute seule.

Caractère

Sinka est fière, parfois arrogante, et pleine d'assurance. Elle a confiance en les capacités intellectuelles et cognitives de son peuple, et ne se prive pas pour mépriser ceux qui n'en disposent pas. Toutefois, elle est plutôt diplomate et sait se montrer hypocrite si cela lui apparaît nécessaire.

Capricieuse et autoritaire, elle n'en est pas moins exigeante avec elle-même. C'est une perfectionniste qui ne tolère pas l'échec et qui est attentive aux détails. Elle est assez susceptible et, étant dotée d'une bonne mémoire, particulièrement rancunière.

Elle est flegmatique et calme, capable de faire preuve d'un grand sang-froid lorsqu'il y en a besoin. Il est rare qu'elle perde totalement ses moyens. Elle est réfléchie et aime avoir le temps de peser le pour et le contre, cela la rend assez indécise.

Elle ne l'assume pas vraiment, parce que c'est mal vu chez les Gakushas qui placent la raison au-dessus de l'émotion, mais elle est dotée d'une forte sensibilité qui la pousse malgré son orgueil à être assez empathique.

Physique

Comme la plupart des femmes Gakushas, Sinka est pourvue d'une apparence agréable. C'est une humanoïde de petit gabarit puisqu'elle ne dépasse pas les 1m60 et n'excède pas les 55 kg. Plutôt habile de ses mains, elle n'est guère endurante ni résistante, étant une érudite et une chercheuse avant tout.

Son teint assez pâle fait ressortir ses yeux aux prunelles d'améthyste et dont les pupilles acérées transpercent tout ce sur quoi elles s'arrêtent. Les traits de son visage sont juvéniles, nez retroussé et joues arrondies, ils lui donnent un air malicieux qui ne colle pas toujours avec sa personnalité. Elle est fière de sa longue chevelure parme, et la laisse le plus souvent détachée.

La silhouette de Sinka est résolument féminine mais elle dégage une certaine fragilité. Elle est svelte et délicate, et si le volume de sa poitrine reste humble, ses hanches offrent un contraste notable avec la gracilité de sa taille.

Elle s'habille généralement de robes et de jupes longues, aux couleurs variées, et affectionne particulièrement les bijoux. Le plus souvent élégante et sobre, elle cède parfois aux sirènes de l'impudeur et de la fantaisie. Elle accorde de l'importance à son apparence et s'efforce d'être présentable en toutes circonstances, estimant qu'il s'agit d'une question de dignité.